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3 juin 2010

Global voices : Afrique : Chez Gangoueus, le blog de la littérature africaine francophone

Afrique : Chez Gangoueus, le blog de la littérature africaine francophone

Posted: 01 Jun 2010 11:28 PM PDT

par Claire Ulrich · Traduit par Claire Ulrich · Voir le billet en anglais [en]

Réassi Ouabonzi

Les prix Best of blogs 2010 organisés par la Deutsche Welle ont permis de découvrir une myriade de blogs captivants en onze langues différentes. L'un des blogs finalistes du prix du meilleur blog francophone est Chez Gangoueus. Réassi Ouabonzi  y chronique chaque livre lu depuis 2007. Livre après livre, son blog est devenu peu à peu un guide unique en ligne de la littérature noire en langue française.

GV : Pourquoi avoir choisi d'ouvrir un blog sur les livres en premier lieu ?

Adolescent, j'étais un lecteur jamais rassasié, je dévorais tout ce que je trouvais au Centre culturel français de Brazzaville (Congo), où je vivais à l'époque. Je vis en France, j'y suis né de parents congolais, mais j'ai passé la moitié de ma vie dans chaque pays, dix-huit ans en France et dix-huit ans au Congo. La littérature vous avale, et je m'étais éloigné des livres durant mes études par manque de temps. Et puis un jour, j'ai vu Beloved, le film de Jonathan Demme tiré du livre de la Prix Nobel Toni Morrison. Cela a été un tel choc que j'ai décidé de lire tous ses livres. C'est elle qui m'a ramené à la lecture.

- Pourquoi bloguez-vous sur la littérature francophone noire  ?

C'est une démarche engagée. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment le Noir se raconte et comment on raconte le Noir. J'ai ouvert un blog pour garder une trace de mes lectures, mais aussi, il faut bien le dire, parce que c'est quand même violent de ne pas trouver sur le web francophone de ressources sur la littérature africaine ou noire en français, à part le magazine en ligne Cultures Sud.

"Les écailles du ciel" de Tierno Monenembo

- Quelles  sont actuellement les tendances de la littérature africaine francophone ?

-  Je lis des auteurs de toute l'Afrique, des Caraïbes et des diasporas, la littérature noire en français au sens large. Mais on peut dire qu'au Congo, on remarque une nouvelle génération d'écrivains sur les traces de l'écrivain et universitaire franco-congolais Alain Mabanckou. Au Sénégal, je suis frappé par l'émergence actuelle des femmes écrivains, parallèlement aux succès de Marie Ndiaye.  Au Cameroun, ils sont très percutants.  C'est frappant de voir dans leurs livres l'énergie et ce côté direct pour lesquels les Camerounais sont bien connus. Je suis vraiment en admiration des écrivains nigérians, comme le grand Chinua Achebe. Mais ce ne sont pas les écrivains africains francophones qui manquent et qui pourraient être traduits à leur tour en anglais : Abdourahman A.Waberi pour Djibouti,  Jimi Yuma au Congo, Patrice NganangLeonora Miano pour le Cameroun…ils sont tous dans la liste de liens de mon blog.

"Saisons sauvages" de Kettly Mars (Haïti)

- La plupart des livres que vous présentez sont inconnus et invisibles en France.

- La littérature africaine en français a des difficultés à être publiée, mais aussi à trouver un lectorat. En Afrique même, il est difficile d'éditer, les livres sont chers et difficiles à trouver. Mais le problème est ailleurs. Nous Africains pouvons produire notre point de vue mais il faut le lire. L'Africain a du mal à lire des auteurs africains. Il cherche des références ailleurs. Mon blog permet de faire un peu connaitre livres et éditeurs, de les mettre en contact :  il reçoit environ mille visites par mois, 50% viennent de France métropolitaine, 30% d'Afrique de l'ouest.

Parfois, vous vous éloignez de l'Afrique pour lire des livres japonais ou sud-américains mais jamais de littérature française “blanche”.

"Le passé devant soi" by Gilbert Gatore

- La littérature française est trop nombriliste. On a peu de temps à vivre, faisons vite. Et la littérature française est toujours totalement aveugle au véritable problème français, celui des générations oubliées dans les banlieues.

"Trois femmes puissantes" de Marie Ndiaye,

- Vous avez appelé votre blog “Chez Gangoueus”, mais qui est Gangoueus ?

- Ngangoué est mon deuxième prénom. Vu que je me définis comme ayant une double culture, africaine et occidentale, j'ai souhaité le signaler dans mon pseudo en ajoutant le suffixe us faisant référence à Rome, comme Brutus, Octavius ou Britannicus. Gangouéus reflète bien mon identité et c'est une occasion de faire vivre mon deuxième prénom.

- Vous illustrez toujours vos chroniques d'une photo du livre, et très souvent dans les transports en commun.

- Parce que c'est là que je lis ! Le travail, c'est le travail, et je n'arrive pas à lire chez moi. Le temps passé dans les transports est donc devenu le temps que je consacre aux livres.

"Les phalènes" de Tchicaya U Tam'Si

 

Source : Global Voices 

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Commentaires
J
C'est vrai que la littérature Africaine est peu ou pas connue en France, ce serait vraiment bien d'organiser quelques journées, par exemple dans les librairies, avec un relais dans les médias et peut être aussi au niveau politique, malheureusement, les politiciens au pouvoir chez nous, n'ont tendance à s’intéresser à l'Afrique qu'en termes de "pot-de-vins"
S
Pour commencer, mon cher Gangouéus, il faudra mettre ta photo sur ton blog. tu mérites d'être connu et ta tâche est honorable. Liss a franchi le pas. Fais-en de même.<br /> <br /> Oui, la France est très nombriliste en matière de littérature. C'est aussi mon avis et ce qui explique le fait que je m'en sois éloigné. Mais depuis quelques temps, certains osent l'incursion dans le monde noir ou dans l'histoire fançaise où le Noir a joué un rôle. Je lis cette littérature-là afin de l'encourager. D'ailleurs, c'est pour encourager les écrivains qui parlent des Noirs que je m'intéresse principalement à tout ce qui touche les Noirs. Il faut lire des livres qui parlent des Noirs, voir les films dans lequels jouent des Noirs afin de faire bouger les choses en France et peut-être aussi en Afrique. Outre la pauvreté qui ne met pas le prix à la portée du public africain, il y a aussi le nombre peu élevé des lettrés susceptibles d'apprécier les livres. Quand l'Afrique aura une population suffiamment large pour consommer les productions de ses enfants, l'essor du livre africain sera fulgurant. En tout cas, c'est un paramètre non négligeable. <br /> <br /> Le temps est précieux pour les amoureux de la lecture. "Travailler moins pour lire plus" semble être le slogan que compte lancer une grande enseigne. En poursuivant dans ta voie (la littérature africaine), tu deviens peu à peu une référence de recherches en matière de littérature africaine, si ce n'est déjà le cas.<br /> <br /> Bravo à Moulé pour cet entretien. Merci aussi de me permettre de mettre une image sur le nom Gangouéus.
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