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23 septembre 2009

Le panafricanisme: Quelle contribution à la construction des Etats-Unis d'Afrique ?

par Jean-baptiste Andrédou KATTIE
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest d'Abidjan (UCAO/ UUA)

Introduction générale

Qu'est- ce que le panafricanisme ?

Le panafricanisme est défini comme le mouvement politique et culturel qui considère l'Afrique, les Africains et les descendants d'Africains, hors d'Afrique, comme un seul ensemble visant à régénérer et unifier l'Afrique, ainsi qu'à encourager un sentiment de solidarité entre les populations du monde africain.

Le panafricanisme glorifie le passé de l'Afrique et inculque la fierté par les valeurs africaines. Pour résumer, nous dirons que le panafricanisme est une doctrine qui tend à développer l'unité et la solidarité africaine. Perçu de cette façon, nous dirons que le panafricanisme est synonyme d'intégration, qui désigne le fait d'entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays etc.

I- Intérêt et justification du sujet

Ce travail est un supplément des différents travaux qui ont déjà été effectués sur le panafricanisme. Nous tenterons donc de nous inspirer des thèses déjà émises par certains auteurs comme : Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Joseph Ki- Zerbo, Marc-Louis Ropivia et Daniel Bach.

Nous avons choisi ce sujet en rapport avec notre filière qui est la Science Politique. La Science Politique s'attache, dans sa démarche de discipline sociologique, à décrire ou à rendre compte de la réalité. Elle tend à analyser tous les problèmes politiques, économiques et culturels liés à notre société. C'est donc la science des faits. C'est dans cette optique que nous, en tant qu'étudiant dans cette filière et futur dirigeant, avons décidé de nous intéresser à ce thème qui est d'actualité, afin de sensibiliser, de former et d'informer la société civile sur l'importance de l'union de tous les Etats africains.

II- Méthodologie

La méthodologie se définie comme l'ensemble des démarches, des démonstrations que suit l'expert pour découvrir et démontrer la vérité.

Notons qu'il y a plusieurs méthodes, mais nous citerons que deux, qui sont la méthode inductive, qui est la généralisation d'une observation ou d'un raisonnement établi à partir de cas singuliers, et la méthode déductive, qui est une méthode de raisonnement par laquelle on infère d'un principe ou d'une hypothèse toutes les conséquences qui en découlent. En clair, celle-ci permet, de faire des observations pour aboutir à une conclusion. Notre choix s'est bien évidemment porté sur cette dernière méthode.

III- Lecture critique de la bibliographie

Du fait de la multiplicité de la bibliographie, nous avons retenu cinq principaux ouvrages.

Au titre de ces ouvrages nous avons retenu ceux de :

.Kwame Nkrumah ; 1964, l'Afrique doit s'unir, Etudes et Documents Payot.

.Ki- Zerbo, Joseph; 1989, (sous la Direction de), La Natte des autres : Pour un développement endogène en Afrique ; Série des livres du CODESRIA, Actes du colloque du Centre de Recherche pour le Développement endogène (CRDE), BAMAKO.

. Diop, Cheikh Anta ; 1974, Fondements économiques et Culturels d'un Etat fédéral d'Afrique Noire, Présence Africaine.

. Ropivia, Marc - Louis ; 1994, Géopolitique de l'intégration en Afrique Noire, l'harmattan.

. Bach, Daniel, 1998, (sous la Direction de), Régionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique Subsaharienne ; Paris, Karthala.

. Kwame Nkrumah, fait à travers son oeuvre, de la libération totale de l'Afrique sa priorité. Pour lui il fallait pour les Etats africains obtenir à n'importe quel prix l'indépendance en vue de passer à une autre étape de leur histoire, c'est-à-dire la création d'un Etat continental.

Il développe aussi d'autres thèmes tels que la création d'un marché commun africain, l'établissement d'une stratégie commune de défense militaire et d'une politique monétaire commune. En plus, il demande que soit élaborée une politique étrangère commune devant aider à une prise en compte du point de vue de l'Afrique sur le plan international. Et enfin, il préconise qu'en cas d'unité africaine, il faudrait que les Etats fassent un énorme sacrifice qui est celui de l'abandon de la souveraineté dans l'intérêt supérieur de l'unité africaine. Enfin, il suggère qu'il faudrait aller maintenant et tout de suite vers les Etats-Unis d'Afrique.

La conception panafricaniste de Nkrumah paraît idéaliste. Nous estimons que pour construire une union continentale, il faudrait prendre en compte certains paramètres. Notamment le paramètre économique, politique, juridique, constitutionnelle et linguistique de nos Etats africains. C'est dans cette optique que nous adhérons à la pensée du président Thabo Mbéki, qui est d'aller de façon progressive vers les Etats-Unis d'Afrique.

. Ki- Zerbo, Joseph, à travers son oeuvre, démontre son attachement aux questions culturelles et identitaires africaines. Selon lui, il faudrait que tous les africains puissent se servir, s'inspirer de leur propre culture pour développer leur continent.

Nous partageons cette idée de l'auteur, dans la mesure où nous pensons qu'il ne faudrait pas recopier comme des automates, la culture et l'organisation actuelle des pays occidentaux. Nous avons nos propres réalités, nous ne pouvons donc pas reprendre purement et simplement la ligne d'évolution, l'itinéraire suivi pendant des siècles par les pays aujourd'hui développés. Comme nous l'avons mentionné, il faudrait nous servir de notre propre culture pour construire nos Etats en particulier, et notre continent en général.

. Cheikh Anta Diop, dans son oeuvre, les fondements économiques et culturels d'un Etat fédéral d'Afrique noire, rejoindra Kwame Nkrumah sur le fait que l'unité du continent est la condition sine qua non pour faire basculer l'Afrique sur la pente du développement.

Le thème central de son oeuvre est le projet de création d'une fédération des Etats. Il fait de l'unité linguistique de l'Afrique un volet très important de l'unité culturelle du continent. Il parle de la création d'une fédération des Etats d'Afrique noire.

Pour parvenir à ce projet, il propose l'élargissement de l'espace économique, c'est dans cette optique qu'il partage la même idée que Nkrumah qui est l'établissement d'un marché commun Africain. Il fait savoir que l'enjeu de l'Afrique fédérée c'est de relever le défi d'une Afrique industriellement, technologiquement et politiquement forte et aussi puissante que les Etats Occidentaux. Enfin, il expose son refus quant au projet de l'Eurafrique1(*). Il voit un danger en ce projet, car selon lui, le cautionner, serait légitimer l'association du `'loup et de l'agneau''.

La critique que nous pouvons porter sur l'oeuvre de Cheikh Anta Diop, c'est le caractère exclusionniste de ses écrits. Dans la mesure où sa conception du panafricanisme ne revêt pas une dimension continentale, puisqu'il exclut l'Afrique blanche constituée par le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) et le Mashrecq (Lybie, Egypte).

Nous pensons que la réussite ou les chances de réussite d'une union continentale passent par la solidarité et l'union de tous les Etats africains, alors comment réussir ce projet si l'on doit exclure certains Etats parce qu'on estime que les Africains du Nord ne se sentent pas assez Africains ? L'objectif justement est de faire en sorte que tous se sentent Africains. Pour cela il faudra réussir à fédérer toutes les énergies autour d'un idéal commun qui est la construction des Etats- Unis d'Afrique.

. Dans L'oeuvre de Marc- Louis Ropivia, Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, le thème central est le fédéralisme. L'auteur reprend une définition de Doudou Thiam portant sur le fédéralisme africain : « le fédéralisme africain est un processus par lequel s'organise la société africaine à l'intérieur du continent pour constituer de vastes ensembles régionaux, ces ensembles pouvant être soit des Etats, soit des organisations régionales »2(*).

Ropivia, à travers son oeuvre affirme qu'il ne faut pas confondre le panafricanisme négro- américain et le panafricanisme africain. Selon lui, ce sont deux idéologies différentes.

Nous partageons l'avis de cet auteur, lorsqu'il dit qu'il ne faudrait pas confondre le panafricanisme négro-américain et le panafricanisme africain, certes, il existe entre l'Afrique noire et sa diaspora négro-américaine une unité de sang et un lien sentimental indéniables, mais les luttes que chacune des communautés va engager en vue de sa libération ne sont que parallèles et non pas identiques, c'est dans cette optique que nous réfutons, tout comme Ropivia, la thèse de la communauté de destin.

Pour lui, le panafricanisme négro- américain s'achève avec le congrès panafricain de 1945. Après cette date, commence alors le panafricanisme africain qui s'identifie par le retour de Kwame Nkrumah en Afrique, en 1948.

Régionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique, est une série de documents, des études qui ont été faites sous la direction de Daniel Bach. Cet ouvrage traite de la balkanisation de l'Afrique, des problèmes frontaliers et des expériences d'intégrations régionales qui selon Daniel Bach, ne fournissent pas pour le moment des résultats convaincants.

Dans cet ouvrage, Walter Kennes, qui est l'un des chercheurs qui a fait partie de ce projet d'étude, affirme que l'intégration régionale s'inscrit dans une stratégie visant à augmenter les perspectives de croissance économique équitable3(*) . Selon cet auteur, pour qu'on puisse parler d'intégration régionale réussie en Afrique subsaharienne, il faudrait qu'il y ait une certaine uniformisation au niveau de la forme de gouvernement.

Nous partageons aussi la pensée de cet auteur, dans la mesure où lorsqu'on observe la configuration actuelle de nos Etats africains, nous remarquons qu'il n'existe aucune compatibilité dans la forme des gouvernements des Etats membres. C'est dans cette mesure que Walter Kennes préconise que la forme de gouvernement doit être comparable et compatible entre les Etats membres. Ainsi, il poursuit son développement en affirmant que : « si le système juridique des Etats membres n'est pas suffisamment comparable et compatible, il y aura de fréquents conflits entre les agents des secteurs privé et public, conflits qui seront difficiles à résoudre.

* 1 Terme employé par Léopold Sédar Senghor, qui désigne le métissage culturel entre l'Afrique et l'Europe.

* 2 Thiam Doudou, 1972 ; Fédéralisme Africain, Paris, Présence Africaine.-P.23

* 3 Daniel Bach, 1998 ; Régionalisation, Mondialisation et fragmentation en Afrique, KARTHALA. -P.56

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Commentaires
M
Je n´ai rien contre le pan-africanisme ou tout autre mouvement de rassemblement ou d´union africain; ce que je déplore, c´est que j´ai l´impression que ces mouvements ou objectifs politiques soient utilisés par quelques leaders africains en manque d´imagination et incapables d´ordonner et organiser leurs sociétés vers le progrès technique et scientifique. Lequel, comme on le sait est seul capable de résoudre les problèmes de la pauvreté en Afrique et mettre notre continent à la hauteur des exigences sociales et économiques contemporaines. Il ne faut pas l´oublier: si nous avions dans le passé été victimes des hordes islamiques et chrétiennes qui firent à satiété l´esclavage de nos arrières parents, nous assugettirent et nous colonisèrent, c´est bien parce que nous étions faibles et incapables de défendre nos droits et libertés ! <br /> <br /> Je n´irai pas par quatre chemin: il ne faut surtout pas croire que l´Union du pan-africanisme ou autre doctrine d´union, comme un coup de bâton magique, allaient résoudre les contradictions africaines, analyser le passé et en tirer des lecons utiles et décisives et guérir l´Afrique autant de ses humiliations passées ancrées dans ses mentalités et son subconscient sociohistorique que rationaliser et objectiver l´intelligence africaine vers la technique, la science et le progrès. Pour cela, il faut un travail d´instruction, d´éducation, de motivation mentale et sociale issu d´une idéologie sociale d´efficience et de pleine prise de responsabilité pour soi-même, son histoire, sa réalisation individuelle et sociale, et pour les siens. C´est autre chose que chanter du matin au soir de l´unité sans construire des écoles, des centres professionnels, des universités et des laboratoires de recherches ayant un niveau élevé et ambitieux, mettre sur pied une économie solide, innovatrice et productrice d´emplois et de bien-être: les vrais instruments premiers d´un meilleur avenir. Parce que celui-ci est conscient, résolu, ambitieux pour ses valeurs et soi-même. <br /> <br /> Je le dis souvent: un troupeau de mouton est aussi uni...et l´union de pays pauvres n´augmente que mieux les problèmes de la pauvreté dont ces pays souffrent. A la fin, on se demande, pour tous ceux qui, passant sciemment à côté de la vérité, se réfugient dans des rêves d´unité sans frontière, quelle est l´intelligence pratique et analytique de ces gens ? Ou s´agit-il tout simplement de maintenir un mythe qui, sans électricité, sans eau pure, sans santé médicale appropriée et au besoin sans enploi et revenu, était plus important que la réalisation individuelle et même sociale collective ?<br /> <br /> Suite à l´absence dans le lointain passé de culture d´instruction publique objective et suivie, et même sans la propagation de l´écriture et de la production de livres, l´imaginaire de l´enfant noir est largement étriqué du point de vue technique, connaissance rationnelle, spéculation critique, et même esthétique de la créativité. Le sachant, il faut mettre tout en oeuvre pour réanimer cet imaginaire contrit et lui donner les moyens de s´épanouir en toute liberté pour qu´il puisse mieux répondre aux exigences contemporaines de l´existence. Or, que voit-on ? Les élites africaines se perdent dans des prétextes d´unité, de panafricanisme et méprisent ou sous estiment l´impératif premier du développement qui est d´instruire et promouvoir la créativité et l´imaginaire créatif africain. <br /> <br /> Des valeurs africaines ? Comment défend-t-on les valeurs sociales autrement qu´avec le bien-être et la réalisation sociale ? Il est une illusion de croire qu´avec une faiblesse militaire, iproductive et économique chroniques, on peut défendre des valeurs mises à mal par la pauvreté et la dépendance à l´aide internationale ! Ceci me fait dire que les africains vivaient sur la tête et manquaient effrontément de réalisme. Autrement on ne peut pas expliquer ce persistant défaut à fermer les yeux sur la logique la plus évidente: les valeurs culturelles, quelques soient-elles, ne sont valables et ne se perpétuent dans le respect et la mémoire sociale que dans la mesure où elles nourrissent leur homme et lui permettent de répondre efficacement aux besoins et aux exigences que lui imposent l´ambition d´une meilleure existence. Si ce n´est pas le cas, ces valeurs ne valent rien du tout, en somme. Aussi, demanderai-je à tous ceux qui aiment l´union ou le pan africanisme de lutter d´abord pour l´emploi, les investissements industriels, l´instruction et la critique intellectuelle en Afrique, parce qu´il n´y a pas plus déprimant et trompeur qu´une union de pauvres et d´incapables à défendre et promouvoir par eux-mêmes leur liberté et leur indépendance.<br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"<br /> Forum Réalisance
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