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26 octobre 2008

Quand Lefebvre "défend" l'Afrique

Dimanche 26 Octobre 2008   Par Nicolas PRISSETTE  Le Journal du Dimanche

La scène se joue dans la nuit de mercredi. Dans un hémicycle quasiment désert, mais en présence de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, et d'Eric Woerth, ministre du Budget, le député UMP Frédéric Lefebvre défend un amendement créant une réduction d'impôt pour les particuliers et entreprises qui investissent dans les pays en développement "et plus particulièrement en Afrique". Quatre pages techniques signées de son seul nom et rédigées à Bercy, instaurant un régime fiscal avantageux et inédit.

Les députés de la Commission des finances, emmenés par le rapporteur du Budget Gilles Carrez, sont furieux. Ils ont découvert l'amendement la veille, en réunion de Commission, et l'ont rejeté. Non seulement ils s'opposent à certains aspects du projet, mais ils s'offusquent aussi d'être mis devant un fait accompli. Frédéric Lefebvre, inlassable, a tenté de leur faire changer d'avis. Ancien proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, il leur indique que le président de la République lui a donné son feu vert pour créer cette nouvelle "niche" fiscale. L'amendement surprend d'autant ses collègues que le gouvernement s'est engagé à limiter les avantages fiscaux et à mieux contrôler leur coût pour l'Etat. "Les débats ont été assez pénibles, je ne suis pas sûr que tout le monde à l'Elysée soit vraiment au courant", déplore un député UMP qui requiert l'anonymat. "Nous n'avions jamais entendu parler de cette initiative", rappelle Hervé Mariton.

Certains suggèrent que l'amendement Lefebvre est un amendement Boli

Dans l'hémicycle, mercredi soir, Frédéric Lefebvre défend donc la création d'une nouvelle forme de société d'investissement et de développement (Sofidev) destinée à rassembler les fonds à investir en Afrique. Passer par ces sociétés garantira la réduction d'impôt. Il insiste pour que ces nouvelles structures juridiques soient reconnues par l'Etat dès le 1er novembre, avant donc la promulgation de la loi en discussion, attendue en toute fin d'année. "J'ai besoin de savoir si les premières applications pourraient commencer immédiatement, afin que le mouvement s'enclenche sans perdre de temps."

Gilles Carrez réitère son objection formelle de la veille: pas question de faire appliquer une loi fiscale de cette sorte avant qu'elle n'entre dûment en vigueur. Mais Christine Lagarde intervient. "Le gouvernement est très favorable à cet amendement !" lance la ministre de l'Economie qui explique qu'elle donnera son agrément aux Sofidev par anticipation. "C'est la Françafrique!" s'exclame soudain le socialiste Jérôme Cahuzac avant d'interroger: "Qui, à ce jour, a procédé ces investissements en Afrique, où, et pour combien? Et qui demande au Parlement de défiscaliser ces investissements?" L'amendement est adopté. "On ne pouvait faire perdre la face à personne", s'excuse un député UMP dépité.

Dans les couloirs de l'Assemblée, certains suggèrent que l'amendement Lefebvre est un amendement Boli. Le héros de l'OM version 1993 est devenu il y a un an secrétaire national de l'UMP en charge du codéveloppement. "Cela fait plusieurs mois qu'il fait pression pour faire passer une mesure de ce type. Le nouvel avantage fiscal est un moyen de limiter les dégâts pour ceux qui perdent de l'argent en investissant en Afrique", dit un fervent sarkozyste.

"C'est un mauvais procès, rétorque Frédéric Lefebvre. Cela fait plusieurs années que je m'intéresse à ce sujet. J'ai travaillé avec Basile Boli et avec des associations et j'avais avancé sur le dossier bien auparavant. Ce qui compte, c'est de favoriser les investissements directs entre particuliers et entre les entreprises. Car l'aide publique au développement n'arrive, hélas, pas toujours à l'endroit que l'on souhaite."

Allez plus loin et découvrez en intégralité le Journal Du Dimanche en version PDF.

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Commentaires
C
la crise économique faisant, parler d´investissements en Afrique alors que
M
Ce que Lefèvre a proposé est déjà pratiqué et reconnu dans tout le monde riche et industrialisé. En Allemagne ou aux Etats-Unis, cet exonération d´impôt pour cause d´utilité au développement permet, moyennant quelques séjours en Afrique et des signatures africaines d´autochtones corrompus, à faire aux intéressés occidentaux des gains financiers énormes sur leurs redevances. <br /> Des acteurs, des sociétés d´aides, et même des faussaires industriels qui envoyaient des médicaments punchés et périmés en Afrique en les déclarants sains et entiers en faisaient largement l´abus. A la fin, on se demande si on doit se laisser encore une fois tromper par des instruments prétextes qui n´avaient qu´un seul but: tromper et enfoncer l´Afrique dans un plus grand désespoir économique et financier. <br /> <br /> Cher ami, si les occidentaux veulent investir réellement en Afrique, qu´ils y aillent et fassent exactement ce qu´ils ont fait en Chine: y transférer leur technologie et produire pour exporter et payer l´impôt en Afrique. Et croyez-moi, cela ils ne veulent pas le faire. D´autre part, la crise économique faisant, parler d´investissements en Afrique alors que le chômage battra les records bientôt en Europe depuis que les américains retirent leurs participations et leurs capitaux pour les mettre à l´abri chez eux...car ils en auront largement besoin dans cette crise d´assèchement financier. Il ne faut pas se laisser beurrer à ce point. Nous sommes africains, certes, et pauvres; mais pas idiots ! Vouloir tromper les gens à ce point est indécent et plus populiste qu´honnête.<br /> <br /> Musengeshi Katata<br /> "Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"<br /> Forum Réalisance
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