20 février 2012
La Chine pèse de plus en plus lourd sur les marchés agricoles
Publié le 18.02.2012, 08h00 dans le parisien

Chinese farmers move some equipments as the harvest their field in Hefei, east China's Anhui province on October 27, 2011. Chinese experts said at least 40 million farmers in China have lost their agriculture land, due to the rapid development, while only less than 10 percent of this farmers turned migrant workers are willing to return to their village from the cities. CHINA OUT AFP PHOTO
La Chine, qui est déjà un acteur majeur des échanges mondiaux de soja et de coton, était encore
jusqu'à peu autosuffisante en céréales mais la situation change et bouleverse les équilibres des
marchés agricoles, selon les experts.
"La Chine est un pays majeur dont la moindre intervention sur la scène internationale fait bouger
les cours et cela devrait encore se renforcer dans les années à venir", estime Benoît Labouille,
analyste pour Offre et Demande Agricole (ODA), société française de conseil aux professionnels
du secteur.
L'ex-empire du Milieu a déjà renversé le marché du soja avec des importations qui ont triplé
depuis 2004 pour atteindre aujourd'hui 60% des échanges mondiaux.
Jusqu'ici, la Chine a tout mis en oeuvre pour ne pas devenir importateur net en céréales.
Jusqu'ici, la Chine a tout mis en oeuvre pour ne pas devenir importateur net en céréales.
Mais "elle arrive au bout d'un modèle et nous assistons aujourd'hui à une cassure comme
le montre clairement le récent accord conclu avec l'Argentine", constate Joséphine Hicter,
analyste matières premières chez Oaks Fields Partners.
Mercredi, Pékin et Buenos Aires ont signé un accord pour l'exportation de maïs argentin.
Une première puisque la Chine, deuxième producteur mondial derrière les Etats-Unis,
n'importait jusqu'à l'an dernier quasiment pas de maïs.
Tout a changé avec la hausse de la consommation de viande des Chinois. "Comme il faut
sept protéines végétales pour produire une protéine animale, la multiplication des troupeaux
entraîne mécaniquement une envolée de la consommation de maïs notamment", explique Mme Hicter.
Pour tous les experts, cette arrivée de la Chine dans les échanges mondiaux de maïs est "irréversible".
"Pour l'instant, les volumes que la Chine importe", évalués pour 2011-12 à 4 millions de tonnes, "restent
Pour tous les experts, cette arrivée de la Chine dans les échanges mondiaux de maïs est "irréversible".
"Pour l'instant, les volumes que la Chine importe", évalués pour 2011-12 à 4 millions de tonnes, "restent
minimes au regard des échanges mondiaux (92 millions de tonnes) mais c'est plutôt leur progression qui
nous met en alerte d'autant plus que la situation mondiale en maïs est extrêmement tendue", explique
Hélène Morin de la société Agritel.
La situation en blé est moins inquiétante puisque le pays disposerait de 60 millions de tonnes
de réserves stratégiques, un chiffre qui équivaut à la moitié de sa production annuelle et surtout
à 30% des réserves mondiales.
Toutefois, certains analystes estiment qu'après le maïs, c'est l'approvisionnement en blé qui
Toutefois, certains analystes estiment qu'après le maïs, c'est l'approvisionnement en blé qui
pourrait devenir problématique.
Avec plus de 1,3 milliard d'habitants et une consommation alimentaire qui évolue, la Chine se heurte
à un problème de plafonnement de sa production agricole.
Le pays a déjà nettement amélioré ses rendements notamment grâce à une importante consommation
d'engrais mais Pékin est confronté à un problème de raréfaction des terres agricoles disponibles.
En effet, la pollution des sols et l'érosion liée à la déforestation rend une partie des terres impropres à
En effet, la pollution des sols et l'érosion liée à la déforestation rend une partie des terres impropres à
la production agricole et le pays se heurte à un problème de gestion de l'eau.
Seule solution pour le pays: aller chercher des terres arables hors de Chine, d'où une course aux terres
Seule solution pour le pays: aller chercher des terres arables hors de Chine, d'où une course aux terres
en Afrique, en Nouvelle-Zélande et aux Philippines.
Dans ce contexte, le pays a encore dû concéder l'an dernier une brèche dans sa politique
d'autosuffisance en important du blé fourrager d'Australie, de nouveau pour l'alimentation animale.
Publicité
Commentaires
M