AVOIR LA HAINE DU BLANC NE QUE FAIT RENFORCER LA PUISSANCE DE CE DERNIER SUR NOUS
Suite à un commentaire d'un internaute à propos d'un texte "Avoir la haine du blanc ne fait que renforcer la puissance de ce dernier sur nous" que j'avais publié en avril 2006 (déjà quatre ans!). Et en répondant à cet internaute, il m'a semblé que le texte n'avait pas perdu de son actualité et du coup j'ai pensé partager avec les nouveaux visiteurs et dans le secret espoir caché de relancer le débat.
Pour ce faire je vous remets le texte dans son écriture originelle sauf que j'ai corrigé quelques coquilles.
Je vous souhaite donc bonne lecture.
N.B. Ce texte avait été d'abord publié sur un de mes blogs que je tiens sur grioo.com, je n'y vais plus car ils avaient supprimé tous les commentaires de texte, ce qui m'a fait migrer sur Afrikblog. Donc vous n'aurez pas le texte de mon ami Camforever.
AVOIR LA HAINE DU BLANC NE QUE FAIT RENFORCER LA PUISSANCE DE CE DERNIER SUR NOUS
Compte tenu de la longueur de la réponse que j'ai faite à Monsieur Camforever et pour permettre sa lecture j'ai préféré le diffuser en texte car peu de visiteurs lisent les commentaires. A cela je conseillerais au visiteur de lire le commentaire de Mr. Camforever et le texte sur "Afrique: les causes de la soumission volontaire"
A Camforever, merci beaucoup de vos interventions, je m'apprêtais à vous répondre suite à votre message que je vais diffuser pour que tout le monde puisse le lire; et aussi à la suite du message de Lylirose. Je suis ravi de vos deux derniers messages.
Pour ma part je voulais simplement vous dire en introduction avant de venir à votre message : "AVOIR LA HAINE DU BLANC NE QUE FAIT RENFORCER LA PUISSANCE DE CE DERNIER SUR NOUS"
Cela étant dit, pour tout vous dire que je n'ai jamais cherché à evacuer le rôle du blanc à l'origine de nos malheurs. C'est une réalité historique mais non suffisante. Il nous faut dépasser cette étape si l'on veut liberer notre continent.
Pour ma part, ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est d'arrêter ce cycle et donc il faut une rupture, même dans l'analyse, en effet le diagnostic détermine la conduite du remède à prescrire, il est temps pour nous de responsabiliser nos contemporains face à leurs responsabilités car je crois que nous avons en 2006 la possibilité de briser ce cycle.
Voyez-vous quand dans les années 1950 des personnages comme Um Nyobé avait vu juste pour le Cameroun, ils étaient seuls face à des sociétés déstructurées par l'esclavage et les violences européennes. Ces sociétés (africaines) n'avaient plus de base économiques et politique solides voire culturelles.
Mais à ce que je sache le Cameroun de 2006, comme d'autres pays d'Afrique ont des hommes d'intelligence et de connaissance, qui peuvent comprendre le système et l'expliquer aux autres. C'est ce que Axelle Kabou avait essayé de dire aux Africains il y a plus de 15 ans déjà, quand elle écrivait "si l'Afrique refusait le développement?"
On peut aussi citer Daniel Etounga Manguelle qui réclamait la révolution mentale des Africains, dans son livre "l'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel?" C'est ce que Achille Mbembé essaie d'expliquer dans ses livres ou même Puis Ndjawé dans le journal le Messager.
Il est temps pour les Africains de comprendre comment fonctionnent les pouvoirs politiques en Afrique pour qu'ils ne disent pas que ce n'est pas de leur faute car ils ne savaient pas.
La pire des choses qui puissent arriver à un homme c'est l'ignorance car c'est elle qui crée la dépendance et l'aliénation volontaire de sa propre liberté. L'ignorance est la mère de la soumission volontaire et/ou des hommes à d'autres hommes.
Si aujourd'hui comme vous dites les Africains devenaient rigoureux avec eux-mêmes d'abord je suis sûr que les dictateurs-maisons que nous avons en Afrique trembleraient et réfléchiraient à plusieurs fois avant de se lancer dans leurs aventures. C'est parce qu'ils sont surs d'avoir des auxiliaires zélés qu'ils agissent ainsi et comme c'est un système, cela s'alimente facilement.
Voyez-vous, un pays comme le Cameroun, à fort potentiel culturel, démographique, économique est depuis 1982 dirigé par un destructeur avec l'assentiment de sa fameuse élite, alors comment comprendre cette faillite collective?
On me répondra que c'est à cause des blancs! [Disons de la Françafrique ( voir à cet effet les articles de l'association Survie et lire les livres de François-Xavier Vershave(1)] Entre nous, même si à l'origine les comportements déviants des instruits camerounais sont bel bien une conséquence de la colonisation, il est malhonnête d'expliquer cela par l'exclusivité coloniale.
En regardant de près on se rend compte que parmi eux il y a des personnes (2) qui se démarquent et dénoncent cette situation. Tout comme il y a des gens qui sont conscients de ce qui se passent et adhèrent de façon volontaire.
C'est en observant le Cameroun que Bayart avait écrit "la politique du ventre en Afrique". (3)
Donc voyez-vous nous avons notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Mon obsession est de pousser les Africains à le reconnaître.
Je ne suis pas pour l'autoflagelation, mais pour une rupture nette et assumée dans notre pratique sociale avec ce que l'Occident a fait de nous : des "soumis". Il nous faut se servir des exemples des autres peuples sur les autres continents. Nous avons le devoir de changer de comportement.
Justement vous parlez de la diaspora, cette dernière doit concentrer ses efforts pour modifier la situation socio-économique et culturelle du Continent.
C'est facile d'accuser "le blanc" de la source de nos malheurs, mais que faisons-nous? Tenez par exemple je vais prendre l'exemple du livre, combien d'Africains achètent des auteurs africains? Je parie que les livres de Achille Mbembé sont plus lus par des non-africains que nous. La musique nous préférons des copies.
Les femmes africaines lisent à longueur de journée des magazines destinés aux "blanches" d'où poursuite d'acculturation. Les quelques rares magazines destinés aux femmes noires sont remplies des publicités de produits éclaircissant de la peau, des produits tout à fait dangereux car cancérigènes, dans ces magazines on vante la peau claire une autre tare de l'esclavage et de la colonisation;
Et si ces dernières se ruinent dans l'achat de ces produits c'est parce que nos instruits et l'ensemble de nos hommes sont d'accord avec ses pratiques. Cela révèle de manière implicite comme le disait Franz Fanon une autre pathologie de l'homme noir dû à son complexe d'infériorité "le rêve de la femme blanche".
Dans nos villes africaines, les instruits préfèrent de manière ostentatoire afficher leurs valeurs occidentales inversées que celles de leurs propres cultures. Combien de ces gens enseignent leurs langues maternelles ou paternelles à leurs progénitures histoire de dire qu'ils sont évolués donc "blancs" dans ces conditions comment voulez-vous qu'ils opèrent une rupture mentale?
Allez dans la majorité des foyers des Africains en France et demandez les, si leurs enfants parlent les langues africaines? Ils vous répondront Non, à l'excuse que c'est pour qu'ils s'adaptent facilement à la culture française et réussissent à l'école.
La réalité est que tous les africains de la trempe de Alain Mabanckou (prix Renaudot), Achille Mbémbe, Axelle Kabou, Modibo Keita (l’astronaute) Cheick Anta Diop, Hampâté BA, Tchicaya U Tamsi et d'autres ont d'abord appris les fondements de la vie dans leurs langues maternelles. Tandis que la plupart des enfants africains nés en France réussissent difficilement à l'Ecole. [(Bien sûr que la société française est fermée et fonctionne par réseau, et le climat politique est enclin au racisme voir les dernières déclarations, au mois de juillet-août 2010, du président Sarkosy, mais il ne faut pas oublier que la France a certains mécanismes et principes républicains, si tant soit peu si on est organisé que l'on peut réussir )] Quand les enfants asiatiques qui parlent leurs langues et en sont fiers, sont plus nombreux à réussir. Les parents de ces derniers enseignent leur culture à leur enfants et [surtout sont organisés dans des réseaux sociaux et économiques, et en plus leurs Etats bénéficient d'une autre réputation, contrairement aux dictateurs africains qui donnent une image désolante de l'Afrique.]
L'attitude des Africains vis-à-vis de leurs langues originelles est un indicateur qui montre leur degré d'attachement à leur culture. Pour le Français dans le cas d'espèce-ci cela lui révèle que l'Africain a été mentalement convaincu de la supériorité de la langue française sur la langue africaine, et donc par ricochet sur les différentes cultures. Et dans pareille situation comment voulez-vous qu'il respecte l'Africain. Pour s'en rendre compte, le Français manifeste de l'inquiétude lorsqu'il entend, par exemple dans le métro des Africains parler leur langues et s'arrange à les en dissuader (les Africains parlent fort), pour cela il se met à l'imiter (histoire de lui montrer que sa langue sonne mal). Un Homme comme Yannick Noah l'avait bien compris et en retour les tourne en ridicule en caricaturant l'accent camerounais car le but des Français était de le séparer du Cameroun. Merci Noah tu seras toujours le numéro 1 camerounais de tous les temps, même si les Français te le refusent à cause de leur haine Alors que les enfants français qui naissent et grandissent en Afrique rare sont ceux qui parlent Douala, Wolof, Lingala, Bambara, Dioula en dehors des prêtres car pour eux connaître la langue c'est connaître les ressorts de la pensée d'un peuple. Dans leur grande majorité ils se REFUSENT A PARLER LES LANGUES LOCALES.
Les Africains, eux, vont se dépenser en énergie pour justifier une telle attitude, jusqu'à vouloir imiter l'accent parisien plus que le blanc lui-même car le marseillais gardera pour son identité son accent du Sud pour rien au monde.
Mais voyez-vous que c'est par là que commencent les mécanismes de la soumission volontaire. Se sentir inférieur au blanc et à tout ce qui s'en apparente.
Mécanismes qui conduisent à la surestimation du blanc donc à la résignation, entraînant dans une sorte de désespoir pour ceux qui comprennent un peu les choses à la haine viscérale du blanc, d'où quelque fois les erreurs des courants et mouvements afrocentristes.
Se démarquer de cette attitude conduit à la libération car à partir de là on va retrouver l'authentique et son intégrité. Imaginez un seul instant que tous nos médecins qui sont en Occident se dépouillaient de tout le carcan mental inculqué par les pratiques coloniales et néo-coloniales actuelles en investissant nos villages, nos villes avec leur foi et le sens du partage pour soigner nos frères avec une simplicité étonnante croyez-vous qu'ils vont mourir de faim? Je ne pense pas, mais pourquoi cela ne fait-il pas? C'est parce qu'ils sont bloqués mentalement et sont convaincus qu'un médecin c'est celui qui a une voiture 4X4, une grande maison et dix femmes.
C'est pourquoi qu'en Afrique la plupart d'entre eux rentrent dans les sectes (fraternité blanche, franc-maçon, rose croix, etc...) et deviennent homosexuel car il parait que cela rend riche.
Lorsqu'on commence à dénoncer de telles attitudes que font-ils? Ils vous sortent l'excuse "que ce sont les blancs qui nous empêchent d'évoluer"
Tant que nous n'allons pas accepter de façon lucide la critique de nos comportements destructeurs, nous serons toujours dominés par les Occidentaux (on devrait dire plutôt les Nordistes car ils sont bien au nord de l'Afrique pas à l'Ouest). Imaginez un seul instant que tous les Africains vivant en Europe s'organisaient de façon légale dans des fonds d'investissement, ils pourront acheter sur les bourses de Paris, Londres, Madrid, Francfort, Amsterdam, New York les sociétés qui font la pluie et le beau temps des cours de matières premières, c'est ça l'avantage du libéralisme.
En devenant actionnaires, ils seront capables d'orienter la politique de l'entreprise ou même avec les dividendes ils pourront investir en Afrique, ou encore défaire les dictateurs comme le font les compagnies pétrolières ou minières quand un président ne leur plaît pas.
Si les Congolais, au lieu d'accuser Total et Chirac d'avoir soutenu Sassou dans sa macabre oeuvre de destruction du Congo en 1997, s'étaient organisés à acheter des actions de Total afin de devenir actionnaires majoritaires. La situation politique de leur pays aurait déjà changé.
Il en est de même pour les firmes de coton, de café, de cacao, de l'aluminium, de l'acier. Cela est possible. C'est de ça qu'il s'agit. Au lieu de se plaindre des cours des matières premières Oui je m'attends à un lever de bouclier de la part des Africains pour dire que ce n'est pas possible car les blancs ne voudront jamais, d'ores et déjà je peux rétorquer que c'est faux il suffit d'avoir de l'argent. Je possède des actions à la bourse de Paris, tout le monde peut acheter autant d'actions qu'il veut car l'achat est anonyme il suffit d'avoir de l'argent. Avec un fond d'investissement on peut acheter n'importe quelle société cotée à la bourse.
Voilà un exemple d'action à notre portée. Nous devons agir avec intelligence, merci.
P.S : Les phrases entre [.....] ont été rajoutées par rapport au premier texte.
(1) Xavier-François Vershave a écrit plusieurs livres sur le système maffieux qui existe entre la France et ses anciennes colonnies
(2) Tous les militants de la société civile qui luttent pour les droits en Afrique.
(3) François Bayart est un universitaire français " la politique du ventre " éditions Fayard livre publié en 1989 à Paris